logo batmanRoberto Pattard "Psychologie Magazines"

Voici quelques mois, Norbert Teuchert, de l’association Pour Quentin, organisateur des 24 heures de Puttelange m’invitait à participer à cette épreuve , ou tout au moins a en rédiger un court article dans les colonnes de mon journal.

 

Lorsque j’ai expliqué à certains confrères que j’allais en reportage en Moselle , pour une course de 24 h , certain se sont écriés qu’il devait s’agir là d’une course de frappadingues.

Une réaction suffisamment virulente pour me mettre la puce à l’oreille et étudier le phénomène de prés .

 

Puttelange aux Lacs est une sympathique bourgade à 4heures de Paris sur l’A4 à quelques dizaines de kilomètres des Vosges . Chaque année, depuis maintenant 4 ans, on y court les 24h pour Quentin , course à pied de 24h sur un circuit de 661m en ville, dont les profit sont reversés à l’enfance inadaptée.

En qualité de reporter psychologue je distingue une motivation humanitaire , et en qualité d’observateur plus ou moins impartial une joyeuse petite fête de quartier.
Mais revenons à nos moutons :

A) le coureur de fond Ultra ne ressemble à rien !

ressemble a rienJ’ai étudié attentivement ces hommes qui couraient, apparemment sans unique but que de courir 24 heures , d’un point de vue strictement anatomique .

Age moyen : environ 45 ans , à croire que seuls les vieux ont assez de temps à perdre que de courir comme des bêtes de somme, ou qu’il n’y a pas assez de jeunes assez fous pour tenter un truc pareil. J’ai même distingué quelques septuagénaires à l’oeil alerte qui trottinaient gaillardement sous la cagna , puisqu’il faisait un bon 28 degrés ce jour là.
Tendance à l’embonpoint assez marquée chez certains concurrents, pilosité importante des mollets généralisée, petits gabarits en majorité, tous mal rasés

Bref, vous leur mettez un jean et un pull-over et en aucun cas vous ne détectez qu’il s’agit là de fadas du marathon ou de la marche à pied .

Il y a des profils physiques types dans chaque sport : les rugbymens avec leurs épaules en dedans et le nez cassé, les footeux avec les jambes en petit pont , les basketteurs avec leur tête dans les nuages, les cavaliers reconnaissables à l’odeur….. l’utra fondeur, lui, ne ressemble à rien .

 

Faut-il en tirer une conclusion sur le fait que  n’ayant pas d’atout physique apparent, l’ultra fondeur se voue à la course besogneuse et sans exploit, pour justement mettre en avant que ce n’est pas dans les muscles mais dans la tête qu’on devient un champion ?

B) Faut pas pousser Pépé dans les orties!

Au début d’une 24 heures , l’ambiance est bon enfant , mais au bout de quelques heures les esprits s’échauffent.
D’abord les pointeurs n’ont pas intérêt à se tromper , à la moindre erreur de comptage c’est au bas mot l’esclandre, au pire la menace de démission.

Il faut croire que les coureurs, eux, ne savent pas compter …. Par exemple , à 23 h 30 le numéro 2 criait « DEUUUUUUUX » en passant devant le stand de pointage , alors que tout le monde savait qu’il en était a CENT TRENTE ET UNNNNNNN ! ( tours)

Il faut aussi croire qu’ils croient que personne ne les comprend :

psycho

Par exemple le coureur N°8 en handy bike ne cessait de crier « Tention » pour que tout le monde se pousse . Il est vrai qu’à 20 km/h au milieux d’un peloton qui court à la moyenne de 8km/h il y a de quoi faire des jaloux et surtout de quoi exaspérer quelques concurrents susceptibles de faire obstacle au handy-sportif histoire de rétablir un juste classement naturel !

 

Alors, qu’il semblerait tout naturel que courant pour l’enfance inadaptée la majorité des participants dégagent la voie spontanément à un simple « ding ding » d’une sonnette sur le tricycle , notre sportif à roulette à préféré se péter les cordes vocales pour , il est vrai, arriver dans les premières places au classement scratch .

C) L’Ultra Fondeur est un rustique

rustiqueAlors que l’organisation de la course avait mis a disposition des coureurs une superbe pelouse pour accueillir les tentes et camping cars certains concurrents ont préféré planter la leur sur le gravier , d’autres ont préféré dormir dans leur voiture, quand ce n’est pas sur une chaise.

Cette rusticité va-t-elle de pair avec l’ingratitude de l’exploit physique ? ou doit on conclure que plus c’est long, plus ca fait mal , plus c’est inconfortable , plus c’est bon ?

Est ce là un chemin de croix organisé ou bien avons affaire a une grand messe de masochistes endurcis ?

 

La course finit … comme prévu au bout de 24 heures … le meilleur ayant couru plus de 200 bornes . Il a récupéré sont petit trophée , tout cool avec le sourire , ça m’a pété le moral , moi qui n’arrive pas courir après mon caniche qui il se barre dans le bois de Vincennes !

 

Je quittais ce premier contact avec le monde de l’ultra fond l’esprit plein de questions essayant désespérément de mettre en relation tout ce qu’on m’avait appris à la fac de psycho :

Cette problématique de l’acceptation du Moi par l’Ego, la dualité Douleur-Plaisir, et autres balivernes freudiennes . Comment expliquer à mes lecteurs la motivation de l’ultra fondeur ?

Comment expliquer à mes amis , que l’an prochain, moi aussi, j’aimerai essayer ?

 

C’est en arrivant au péage de Reims sous la pluie battante que j’eus une révélation au moment où le péagiste me lança un superbe « Bonsoir » avec un sourire magnifique alors que je lui tendais, dégoutté par cette météo ingrate, mon dernier billet de 50 euro.

 

L’amour …. C’est aussi le sacrifice de soi même ….

Oui à Puttelange, c’était l’amour qui les faisait courir…. Va expliquer ça dans « Psychologie Magazine » !