par Peter Wagner (LTF Marpingen)

Quentin Teuchert est un garçon de 12 ans avec un handicap psychomoteur. Il habite à Puttelange-aux-Lacs (département Moselle, 57) et il a besoin qu’on l’aime beaucoup et qu’on s’occupe de lui intensément. Dans un centre médical de Sarreguemines il fait d’étonnants progrès. Il y a 2 ans, il était encore dans son fauteuil roulant, aujourd’hui il marche déjà remarquablement bien.

 

Il y a déjà quelques années que fut fondée l’association POUR QUENTIN afin d’assurer à Quentin et d’autres enfants les meilleures thérapies. Ce fut l’œuvre essentiellement de ses parents, Marie-France et Norbert Teuchert. Cette association collecte des fonds avant tout par l’organisation de compétitions sportives. Celles-ci vont de la course populaire jusqu’aux 24-Heures qui étaient organisées pour la quatrième fois les 26 et 27 juin 2009.

Départ à 15 h. En dépit des prévisions d’orages, les 24 h se déroulèrent par temps sec et chaud. Les températures oscillaient entre 15°, la nuit, et 30°, à la fin. Grâce à la participation de 36 individuels (plus des relais) et un nouveau record de l’épreuve de 218 km par le Français Peter Kluka (précédemment le Belge Philippe Panza avec 212 km) ainsi que des revenus en hausse générés par une fête populaire concomitante, tous les records furent améliorés. Cette course qui avait commencé, il y a 3 ans, avec 10 participants, devrait désormais occuper une place de choix au calendrier des 24-Heures. Des athlètes allemands, suisses, belges et hollandais sont présents.

Peut-on recommander cette course ? Manifestement. Surtout le coureur qui ne vient pas pour améliorer à tout prix sa meilleure performance devrait envisager de s’y rendre. Et ceci d’autant plus que les frais d’inscription se limitent à 40€. La course dégage un charme particulier comme on ne le rencontre sans doute qu’en France. Un mélange de sollicitude et d’improvisation. Le sportif est très respecté, mais ferait mieux de ne pas se prendre trop au sérieux.

La course de Puttelange n’est pas des plus faciles. Elle se dispute sur un parcours de 661 m qui traverse les rues près du centre de ce village de 3100 habitants. La moitié du parcours est parfaitement goudronnée, ensuite 50 m de trottoir rafistolé à la hâte et en mauvais état suivis d’un virage à angle droit qui donne sur une rampe un peu raide et donc pénible pour les articulations et qui se poursuit par 150 m de terre battue caillouteuse. Comme défi particulier, une montée droite de 100 m avec un dénivelé de 5 m vous attend. Beaucoup de participants marchent ici dès le début de la course pour économiser leurs forces.

Si on veut on peut limiter le nombre de franchissements des bordures de trottoir à un seul par tour. Mais dans ce cas, il faut parcourir plusieurs mètres supplémentaires. Si on suit la ligne idéale on doit monter ou descendre 2 ou 3 fois du trottoir. A raison de 200 km ou largement 300 tours ça fait 600 ou 900 franchissements. Surtout la nuit, ceci exige une forte vigilance. L’éclairage public se révèle cependant de bonne qualité.

Une spécificité de la course était la présence d’un « handbiker » qui demande la priorité en poussant de forts cris « Attention ! ! ! ». A certains endroits, les coureurs ne peuvent pas faire autrement que de quitter la ligne idéale pour laisser passer ce bolide.

Comme le comptage des tours se fait par des bénévoles et qu’il vaut mieux s’assurer par un signe qu’on a été vu, la course de Puttelange ne permet pas de courir concentré sur soi comme un yogi. A Puttelange on reste éveillé – et profite d’un excellent stand de ravitaillement avec des aliments sucrés et salés, des fruits et des pâtes. Les boissons (Coca, eaux minérales avec et sans bulles, et même de la bière) sont des produits de marque. Tout est présenté et préparé de manière appétissante et hygiénique. On peut même manger assis sous une toile de tente.

Sans cesse, on nettoie et enlève les ordures. 3 toilettes chimiques sont à disposition. Mais ceux qui ne les aiment pas, peuvent trouver des arbustes bien situés.

L’aide médicale est présente en permanence (comme partout en France, l’organisateur exige un certificat médical ; un tel formulaire peut être téléchargé sur le site de la DVU). Aux dernières heures, des kinés interviennent sur demande (ils travaillent avec plus de douceur que leurs collègues allemands) et massent les muscles malmenés. Gratuitement, bien sûr. Il n'existe pas d’horloge officielle de la course, mais l’horloge du clocher de l’église catholique de 1760 est exacte et éclairée.

La publication de résultats intermédiaires n’est pas systématique. La nuit, on se sert d’un beamer , vers la fin on écrit sur un tableau. Le plus sûr est de demander à son compteur où on en est.

Les participants peuvent se garer sur le parcours et prendre dans leur voiture des aliments supplémentaires. On a renoncé à une zone limitée à l’alimentation. Ou alors, celle-ci s’étend sur tout le parcours.

L’ambiance à Puttelange est largement déterminée par une fête de quartier qui est organisée à l’intérieur du parcours près de la ligne de départ/arrivée et qui convient parfaitement à la course. Puisqu’il s’agit de bienfaisance, donc de la vente de petites saucisses, de magnifiques brochettes, de flammekuche, de crêpes, de bière et de vin. Une tombola offre ses lots ; dans un programme de variétés se présentent des orchestres de rock, de jazz et de musique pop ainsi que des chanteurs de country. On applaudit les danseurs du far ouest, les majorettes et même des escrimeurs.

En dehors des rares heures au creux de la nuit, le coureur est, lui aussi, distrait agréablement. Et comme tous les habitants de Puttelange viennent faire un tour à la fête et participent à la bonne cause, il règne en permanence une ambiance stimulante. En cas de pluie, toute la fête peut s’abriter sous de grandes tentes. Dans une de ces tentes a lieu la remise des coupes et des lots aux vainqueurs. En 2009, il y avait même de vrais tableaux peints !

Les habitants (et d’autres, venus en spectateurs) savent apprécier l’effort fourni par les athlètes, curieusement surtout de petits garçons et des dames d’un âge certain qui restent souvent pendant des heures devant leurs maisons et observent les coureurs avec étonnement. Les média locaux, même la TV, font de longs reportages enthousiastes. Les riverains acceptent d’une manière admirable de ne pas pouvoir circuler en voiture devant chez eux et d’être bloqués pendant 24 heures. Une preuve de plus qu’ils aiment cette course. Pourvu que la fête revienne les années à venir !